Réservé jusqu’à présent à la buzzosphère (artistes, personnalités politiques ou du monde du spectacle), le service de flux vidéo personnel Facebook Live est désormais à la portée de tout un chacun. Sur le territoire US dans un premier temps, mais le projet ne cache pas ses ambitions mondiales. Plus fort, plus généralisé, plus instantané, Facebook Live, explique la Zuckerberg Company, génère 10 fois plus de réactions de la part d’autres abonnés au service que n’importe quel autre type de diffusion vidéo tel Youtube. Là où échouait la politique en faveur d’une « vidéoprotection » prônée par l’ex-Ministre de l’Intérieur Claude Guéant, pourrait bien triompher l’égotisme extraverti du Web 2.0.
Pourtant, le panoptique Facebook qui aurait comblé d’aise les vieux briscards des services de renseignements Soviétiques pourrait bien ne pas rencontrer le succès escompté , estime Deepa Seetharaman dans un article du Wall Street Journal. Car statistiquement, le Facebookeur s’amollit, poste de moins en moins souvent, chipote du clavier et renouvelle ses fiches anthropométriques volontaires avec moins de constance. La contribution gratuite des abonnés qu’exploite commercialement Facebook est en chute de 21 % par rapport à l’an passé. L’exhibitionnisme dactylographique et photographique nécessite un travail fatiguant, une constante attention de l’ego, de perpétuels efforts d’inventivité pour entretenir une veine populiste qui garantira son arrivage de « Like ». Or, filmer et surtout pouvoir diffuser sans avoir à franchir une dizaine d’étapes parfois complexes, c’est toujours moins épuisant que de devoir construire une phrase, penser une accroche, bâtir un article ou une intervention. C’est du moins ce que pensent les techniciens qui mettent au point ce service « Live ».
Mais ce ralentissement d’activité, est-ce réellement la conséquence d’une certaine lassitude, ou bien le résultat d’une prise de conscience, le germinal d’une graine semée le 6 juin 2013 par un certain « Citizen Four » ?