« Votre entreprise peut-elle s’inspirer du business-model des pirates Somaliens ou des méthodes d’Al Quaida ? Avez-vous jamais pensé de lancer un service « anti-hacker » en embauchant des hackers » ? Ce sont là les thèmes d’un séminaire abordés par un tandem de sociétés de conseils, l’une spécialisée dans le marketing, l’autre dans le « business model innovation ». Aucune des deux sociétés n’est connue pour son niveau d’expertise dans le domaine de la sécurité.
Le hacking (noir si possible) et l’absence de respect des règles régaliennes des organisations mafieuses ont, de tous temps, tenté les cercles du pouvoir et de l’argent. Parfois de manière indirecte (c’est la notion d’alliance objective que l’on voit (peut-être) si souvent mise en pratique en Chine et dans les pays de l’ex URRS dans le cadre de cyber-batailles), parfois plus directement, tels ces Spam King et vendeurs de produits pharmaceutiques qui agissent souvent dans des pays occidentaux, sous la protection de lois « libérales » (la Can Spam US et similaires).La crise aidant et les marges bénéficiaires évoluant à la baisse, Il semble que l’on assiste de plus en plus à la dérive d’une forme de capitalisme « amoral » vers un capitalisme « décomplexé », voire carrément illégal (EDF vs Greenpeace pour ne citer que cet exemple). Tout l’art de ce jeu subtil consiste à redéfinir un vocabulaire qui aide à faire passer la pilule. Une méthode de truand se transforme en business model, l’Intelligence Economique masque une l’opération de barbouzerie, et, sous le couvert d’une campagne de lobbying, on organise quelques « tests de pénétration » sur les systèmes de traitement d’information d’un organisme ou d’un concurrent qui dérange. Après tout, la loi sur le secret des affaires permet de laisser planer une certaine obscurité sur ce genre de pratiques.
Cette « MasterClass en Black Business Model », même si son intitulé peut froisser quelques esprits, est révélateur d’une évolution très nette dans l’éthique des affaires. Jusqu’à présent, les histoires mêlant les Services de Renseignements et les secrets industriels étaient rares, ne touchant ou ne bénéficiant qu’à de grandes entreprises. Mais la tentation est de plus en plus grande pour les moyennes entreprises de faire appel à ces officines de conseil en « sécurité » qui se multiplient, aux sièges souvent situés hors d’Europe, et qui offrent à leur catalogue des prestations considérées comme illégales de ce côté-ci des Alpes ou des Pyrénées.