Chaque année, au Grand Palais de Lille, la gendarmerie nationale et la région Nord Pas de Calais organisent le forum international sur la cybersécurité (FIC). L’édition 2013 se déroulera les 28 et 29 janvier prochain.
Manifestation hybride et mouvante que cette rencontre des différents corps de cyberpolice. En l’espace de 5 ans, les forces régaliennes sont passées de la lutte contre le « méchant pirate auteur de virus et casseur d’ordinateur » au métier de cyber-défenseur (cyber-combattant également) chargé de bloquer les assauts d’activistes politiques, d’extrémistes confessionnels, voir d’autres forces régaliennes. Le FIC 2013 sera avant tout le FIC de la « digestion du phénomène Stuxnet » et des intrusions dans les réseaux Scada, de l’adaptation des moyens face aux menaces d’autres Etats-Nations, sans pour autant négliger la pression grandissante des activités mafieuses internationales traditionnelles. Car en matière de risques informatiques, les dangers ne se remplacent pas en fonction de leurs natures, ils s’additionnent.
Ce FIC 2013 est également celui d’un franchissement d’étape, celui du passage de la cyber-sécurité nationale du stade « plus tout à fait adolescent » à celui du « pas franchement adulte ». D’un côté, une Agence Nationale de la Sécurité des systèmes d’information (Anssi) de plus en plus structurée et puissante, de l’autre l’amorce d’une prise de conscience des politiques face aux cybermenaces. Avec le rapport Bockel notamment, mais également la création du pôle « cloud à la française » constitué d’un Numergy et d’un CloudWatt financièrement supportés par l’Etat et censés nous protéger des affres d’un Patriot Act qui siffle sur nos têtes. La France recentre ses activités informatiques industrielles et renforce ses cyberdéfenses. Mais, contrairement à la quasi-totalité des autres pays membres de la Communauté Européenne, cette même France hésite encore à s’intéresser à la protection informatique de ses citoyens. Toujours pas de Cert grand public et encore trop peu d’effectifs dans les services cyberspécialisés de la Police et de la Gendarmerie pour assurer la sécurité des foyers.
Mais ni Paris, ni les premiers firewalls ne se sont faits en un jour. Les priorités de la cyberdéfense, en ce début 2013, sont clairement institutionnelles si l’on en juge par le programme des conférences de ces deux journées : quelle politique de sécurité en Entreprise, comment protéger les infrastructures Scada, peut-on sécuriser les « informatiques territoriales » des communes, peut-il exister un Cloud souverain et protégé, quelles limites doit-on fixer à la rapide invasion des réseaux sociaux dans l’entreprise, que faut-il craindre de l’activisme et de l’hacktivisme, les APT font-elles encore peur… autant de questions, autant de débats qui se dérouleront durant ces deux journées. Notons au passage que ces journées du FIC 2013 seront l’occasion pour le Clusif de présenter publiquement les résultats de son enquête annuelle sur le panorama de la cybercriminalité.