« Faites-vous bigbroser, c’est pour votre bien » semble répéter Google : la chasse aux derniers partisans de l’anonymat sur Internet prend un tournant un peu plus radical en ce début de mois avec la décision de Google de supprimer d’ici 30 jours les profils privés et imposer la publication du sexe et du nom complet des Googlenautes inscrits en ses fichiers.
Or, devenir Googlenaute, c’est comme mettre le pied gauche dans un carré de Psilocybe semilanceata : c’est quasi invisible, totalement imprévisible, hautement automatique. Que l’on ouvre un compte Gmail ou que l’on souhaite consulter une liste de discussion, suivre les inutilités diffusées par Youtube, bloguer ou naviguer sur le web à l’aide de Chrome, Google indexe, classe, enregistre, répertorie et vend à des publicitaires le résultat de cette bienveillante attention.
Les plus anxieux de nos lecteurs chercheront donc à éditer ce fameux profil pour en réduire un peu plus la surface d’attaque. Ils risquent d’aller de surprises en surprises. A commencer par la découverte soit de nouveaux champs activés par défaut ( Utilisez les informations de mon compte pour me présenter des publicités pertinentes) ou des procédures de déléature d’information étrangement absentes. Ainsi le lien « Désactiver l’historique de recherches de Google» aboutit sur une page débutant par un très encourageant « Les informations demandées ne sont pas disponibles dans votre langue », suivi d’une procédure expliquant précisément comment « Enable search history » et non l’inverse.
Le tout parsemé d’incitations à l’enregistrement de nouvelles informations, telles que les numéros de téléphone portable. Comment extorquer une telle donnée personnelle ? En jouant sur la peur, l’incertitude et le doute, bien sûr. Armes qui ont fait leurs preuves dans bien des domaines, et plus particulièrement dans celui des « scarewares ». « N’attendez pas qu’il soit trop tard. Les utilisateurs ne possédant pas d’options de récupération sont neuf fois plus susceptibles de perdre l’accès à leur compte. Protégez votre compte en vous assurant que vos options de récupération de mot de passe sont à jour ». Ladite information de récupération de mot de passe s’avère être… le numéro de téléphone portable de l’intéressant intéressé, car c’est, nous dit-on, le meilleur moyen d’expédier une information textuelle de manière fiable, sécurisée, personnalisée et xxxxx (ajouter ici le terme sécuritaire qui flattera le mieux vos angoisses existentielles).
Glissons sur l’enregistrement de l’historique Web « in the cloud »systématique et activé par défaut dont pratiquement aucun usager n’a connaissance (1 spécialiste sécurité averti sur un panel de 25 « sondés » proches de la rédaction et donc théoriquement au fait des pratiques Google, encore doit-on préciser que ledit spécialiste averti se pique d’analyse forensique). Ne mentionnons pas plus l’apparente impossibilité de supprimer (ou peut-être est-ce camouflé dans un sous-sous-menu ésotérique) l’historique de la section « ma bibliothèque ». Dis-moi ce que tu lis, je te dirais qui tu es, proverbe bien connu des boutiquiers du html. Arriveront-ils à effectuer une corrélation entre la vente d’un technogadget et la lecture de « Essai sur les mœurs et l’esprit des nations » écrit par un certain François-Marie Arouet, défenseur de l’esclavagisme et des cultes mythologiques ? Serions-nous client pour une paire de menottes vendu par « S.M.-Boutique, le Web marchand de tous vos fantasmes » ou lecteurs potentiels de « l’Introduction à la vie dévote », édition expurgée à l’usage des jeunes filles ? De quoi se perdre en conjectures …
Vous m’avez fait plus peur avec votre article que l’annonce meme de Google!
Je me suis donc rendu une nouvelle fois sur la fameuse page + grace au lien fournis dans l’article meme et bien lu a nouveau:
If you currently have a private profile but you do not wish to make your profile public, you can delete your profile. Or, you can simply do nothing. All private profiles will be deleted after July 31, 2011.
Ce n’est donc pas « tous » les Googlenautes avec un simple gmail dont le nom va etre publie. Merci de corriger.
Sur le fond, nous sommes bien d’accord!