Scanner le patrimoine écrit de l’humanité relève de la mission divine (et un peu commerciale) pour Google, et de l’hérésie pour bon nombre d’éditeurs. Histoire de fausser un peu plus le jeu en sa faveur, Google a décidé de rendre publique et sous licence open (modèle Apache 2.0 ) les plans d’un scanner de livres automatique à défilement linéaire. Une mécanique relativement simple (guère plus complexe qu’une Reprap) qui devrait permettre de faire de la duplication d’ouvrages imprimés un sport international et un vecteur d’enrichissement des réseaux P2P.
On entend déjà le lamentoso des Ayants Droits qui, tels les cœurs antiques, vont faire écho aux déclamations des quémandeurs de taxe anti-piratage, mélodie bordée par le rythme contrapunctique des éditeurs de DRM, accompagnée par la basse des officines de délation spécialisées dans le suivi des partages de contenu et, en sourdine, le plain-chant des diffuseurs de contenu (légaux) geignant l’agonie d’un catalogue aussi mince que leur propre légitimité. Le tout rythmant la danse des grands businessmen de l’industrie du partage de documents publics, opérateurs cloudifiés et insaisissables mais capables de transformer n’importe quel fichier pdf en or et n’importe quel MP3 ou MKV en platine.
Le mythe du scanner DIY va-t-il relancer la chimère du livre tué par la généralisation des photocopieuses et réveiller quelque député en mal d’une proposition de loi portant son nom ? Peu importe. Google s’amuse, probablement au détriment de ce qui est réellement important : la mise à disposition pour tous d’une véritable bibliothèque numérique regroupant le thésaurus classique, de manière libre de droit et indépendante de toute entreprise.