« Tout le Gopherspace en un seul téléchargement »… ce titre de BoingBoing paraîtrait aussi hallucinant à un « utilisateur de TCP/IP » des années 80* que si l’on proposait aujourd’hui « tout le Web sur un disque dur » à un abonné ADSL. C’est pourtant ce qu’a réalisé John Goerzen qui, tel un bénédictin, a collecté et sauvegardé courant 2007 tous les sites Gopher encore vivants. Soit un total de 780000 documents, ou 40 Go d’espace disque…on est loin de ce qui était encore en service dans les années 90. 40 Go, cela ne représente pas même l’équivalent de 10 rips de DVD.
Gopher,se souviennent les « plus de vingt ans », était la première interface pompeusement qualifiée de graphique ouvrant sur l’internet. Essentiellement destinée à faciliter l’accès à des documents et fichiers, elle était souvent utilisée conjointement à des passerelles vers des serveurs ftp et des outils de recherche tels que Archie (l’arrière-arrière-arrière grand père de Google) et son concurrent WAIS (lequel, comble du luxe, parvenait parfois à effectuer des recherches textuelles complètes).
… encore fallait-il connaître l’existence des serveurs Gopher stratégiques, car Archie et Wais ne pouvaient ni tout deviner, ni inventer les index et passerelles absents. S’ensuivait alors une longue quête à l’aide d’outils hautement technologiques (dénommés « papier, crayon, mémoire et carnet d’adresses ») avec lesquels étaient dressés les listes de serveurs découverts au fil des requêtes « Finger », un autre protocole « passoire » de type TCP très apprécié des amateurs de pentesting et premier port (79) à avoir été attaqué par un virus-ver, le Morris Worm. Rappelons également que l’interface de travail Internet la plus utilisée à l’époque était Telnet, que l’équivalent de MSN Messenger ou d’ICQ s’appelait TTYlink, et que l’interface la plus conviviale en matière de messagerie avait pour nom BM ou elm. Certains en sont morts.
Le nom gopher vient de la contraction américaine de « Go For… ». La représentation graphique de Gopher (un rongeur aux incisives surdéveloppées) a souvent été confondue avec celle d’un castor. Il s’agit en fait d’un Géomyidé d’origine américaine.
*NdlC Note de la Correctrice : les mots Internautes et les Surfers n’existaient pas et le moindre programme exigeait la présence d’un sorcier de l’octal et d’un gremlin de la structure des fichiers rc