… ou comment, d’un coup de baguette publicitaire, oblitérer les accusations de barbouzerie émises par le Sénat US. Kaspersky lance une version gratuite de sa protection antivirus, édition allégée de multiples extensions parfois jugées trop lourdes telles que la protection d’identité, la sécurisation des achats en ligne ou le contrôle parental. Point de « support technique » non plus, mais cela est-il nécessaire pour un logiciel du type « fire and forget » ?
Après une courte période d’essais en Russie, Ukraine et Biélorussie, suivie d’une transformation en Chine et dans les pays nordiques, Kaspersky Free partira à la conquête du monde. Par étape tout d’abord : « The first wave will be the U.S.A., Canada, and many of the Asia Pacific countries ». En plein conflit post-électoral Russo-Etats-Unien, après s’être fait fermer la porte des marchés d’Etat et subit les effets d’une campagne de dénigrement généralisée, l’éditeur Moscovite se devait de réagir. Quand bien même l’idée de ce produit gratuit ne date pas de la semaine dernière, la date de son annonce de lancement est un remarquable « coup » politique. L’on peut également ajouter que ce lancement s’inscrit également dans un combat à épées démouchetées qui oppose la société Kaspersky et Microsoft, la précédente passe d’arme étant, en juin dernier, cette plainte en position dominante déposée à la fois en Russie, en Allemagne et devant la Commission anti-trust Européenne.
« Lorsque c’est gratuit, c’est l’utilisateur qui est le produit ». Cette vérité toute googlelienne concerne également le monde de la protection périmétrique. Les plus paranoïaques considèrent que Windows Defender est potentiellement un système capable d’exploiter un volume impressionnant de métadonnées, et s’apparente techniquement à un cheval de Troie officiel, intégré et quasiment impossible à désinstaller. Il en est quasiment de même pour tout autre antivirus, ce qui semble justifier la proposition émise par une commission sénatoriale US de bannir toute plateforme logicielle estampillée Kaspersky des appels de marché du Department of Defense.
Ce syndrome de la porte dérobée n’épargne personne. C’est d’ailleurs cette crainte permanente qui a justifié, en France, la publication d’une liste d’appareils audités et « labélisés » Anssi. Véritable garantie d’intégrité pour certains, cavalier législatif protectionniste tentant de favoriser les éditeurs nationaux pour les autres, ou encore preuve que ce risque est bien latent pour les désabusés du « choisit la nationalité de ton espion favori », la bataille du périmétrique ne semble pas faiblir.