Le magazine Der Spiegel nous entraîne dans une fantastique carambouille, celle des « véritables faux Euros Chinois ».
Chaque année, expliquent nos confrères, des tonnes de pièces de monnaie sont retirées de la circulation, trop usées ou trop abîmées pour continuer leur vie fiduciaire. Des pièces qui sont passées au pilon, et dont les déchets sont revendus au poids du métal au « mieux offrant », fût-il non Européen.
Or, il semblerait que ce passage au pilon ne faisait que séparer les parties centrales et périphériques des pièces bimétalliques de 1 et 2 euros… ce qui inspira immédiatement un acheteur de « pièces détachées » de l’Empire du Milieu, lequel se spécialisa dans la reconstitution de ces moins que monnaies (ou sous-sous) en véritable sur-argent sonnant et trébuchant. Encore fallait-il trouver acheteur faisant bon accueil pour ces écus éculés (un ECU étant une European Currency Unit). C’est là qu’entre en scène la Banque Fédérale d’Allemagne, la seule acceptant d’échanger de vieux sequins non pas contre de vieille cuirasse, mais pour une contrevaleur en Euros frais.
Le plus étonnant, c’est que cette pratique durera de 2007 à 2010, période durant laquelle 29 tonnes de ferraille ont été rachetées au prix fort, soit une perte sèche de 6 millions d’Euros pour la Banque Fédérale d’Allemagne. Pour éviter toute possibilité de suspicion, les asiates ferrailleurs employaient des « mules » Teutonnes, généralement des employés de compagnies aériennes telles que Lufthansa, qui jouaient les porteurs de valises entre Pékin et Bonn. Ce qui, au passage, réalisait une certaine économie sur le transport des effets. C’est précisément le poids anormal des valises desdites mules volantes qui a provoqué la suspicion des gabelous Germaniques et conduit à la découverte du pot aux roses… ou du pot à oseille devrait-on dire.
Monnaies ou ordinateurs, l’art de « dé-commissionner » un bien ou un équipement dépend à la fois des techniques de destruction ou de reconditionnement employées ainsi que des acheteurs potentiels du produit neutralisé. L’on a longtemps glosé sur les disques durs et les photocopieuses bradées sur eBay et dont le contenu pouvait s’avérer très indiscret s’il tombait entre de mauvaises mains. Mais personne n’aurait pu imaginer que nos chers, très chers (au moins 6 millions d’Euros pour le coup) Eurocrates et überbankers ne soient jamais allés au cinéma et n’aient vu l’un de ces navets rocambolesques parlant de billets périmés volés puis réinjectés dans le circuit. De telles histoires mettant en scène des Grands Argentiers sûrs de leurs faits et dogmatiques en diable expliquent peut-être un peu mieux des affaires comme celle des « APT de Bercy ».