La quatrième minute de paranoïa ordinaire nous est offerte par nos confrères de Tom’s Guide, qui sont parmi les premiers à annoncer les récentes décisions techniques de la Commission Hadopi : Les « chasseurs de pirates » viennent de faire passer légalement la possibilité d’intégrer dans chaque « box » d’opérateur un logiciel de tenue de log enregistrant les moindres faits et gestes des internautes, fichier pouvant être, sur simple suspicion, consultable à distance par n’importe quelle organisation privée à but lucratif (alias un « ayant droit »). Avec cette nouvelle feuille de route, la Commission Hadopi est parvenu à rendre caduque une vieille idée démocratique qui remonte à 1789, celle de la confidentialité des correspondances privées. Bien sûr, cette mesure n’affectera en aucune manière les pirates « industriels » qui, depuis belle lurette, utilisent des clients P2P externalisés à l’étranger et s’y connectent par le biais de VPN solidement chiffrés. Un détail technique qu’aucun membre de la commission ne peut ignorer, ce qui laisse clairement entendre que ces histoires de piratage ne sont qu’un prétexte futile.
Par le plus grand des hasards, la Haute Court de Justice de Sa Gracieuse Majesté (celle qui marie son petit-fils) vient au même moment de rendre son oukaze obligeant British Telecom et un autre fournisseur d’accès à Internet, TalkTalk, à bloquer eux-mêmes les contenus jugés illégaux. Et ce malgré les nombreux appels et recours effectués par les deux FAI. En Bretagne Grande, le Digital Economy Act soutenu par quelques éditeurs de musique a permis au Ministère de l’Intérieur d’établir un filtrage efficace sans pour autant avoir eu à invoquer des prétextes tels que la lutte anti-terroriste, un peu trop éculé et surexploité de l’autre côté du Channel.