« Nos entreprises High Tech ne sont pas partie intégrante de notre gouvernement » déclare l’ex Secrétaire d’Etat Hillary Clinton dans un discours rapporté par nos confrères d’IDG News Services « D’ailleurs d’autres pays font la même chose en matière de collecte d’information » précisait-elle en substance. En d’autres termes, le fond de commerce de la NSA ne dépendrait pas d’un diktat de l’Etat, mais de toute manière, d’autres Etats observeraient les mêmes pratiques… Excuser l’inexcusable conduit parfois à de savoureuses contradictions.
Et l’ancienne Première Dame de préciser que l’exploitation de ces informations « sont définies par un cadre législatif sans égal dans d’autres pays ». Las, la présence d’un cadre législatif n’interdit pas les abus, il ne fait qu’en officialiser la légitimité. C’est le cas notamment des droits de regard de la NSA sur les contenus et les métadonnées véhiculés par les opérateurs ou les fournisseurs de service internet. Très habilement, Clinton utilise ensuite une vieille ficelle politicienne, la victimisation. « Chaque fois que je me déplace en Russie ou en Chine, il nous est impossible d’emporter nos ordinateurs, nos équipements personnels sortis des limites de notre avion. « Ils » sont si bon (ndlr en matière de hacking) qu’ils seraient capables de les compromettre en quelques minutes ». Vilains Russes, méchants Chinois. Notons au passage que cette technique de victimisation n’est pas franchement nouvelle. C’est très exactement celle utilisée par les dirigeants Chinois lors des premières accusations quasi officielles d’espionnage numérique et d’attaques formulées par les Américains à l’époque de la vague Titan Rain, dès 2003.
Il faut dire que jamais les espions ou hackers d’Amérique du nord n’oseraient commettre de telles choses. Leur « Sk1llZ » ne s’exerce donc qu’en direction des équipements des gouvernements alliés et des populations locales situées sur le sol US ? Madame Merkel et l’ACLU apprécieront.
Après avoir soufflé le chaud, la très probable future candidate à la Présidence des Etats-Unis regrette « que nous soyons parfois allés trop loin »… mais explique en substance que cet état de fait est en voie de normalisation, et qu’en tout état de cause, ces excès ne sont que la conséquence de « compromis nécessaires » entre la notion de préservation de la vie privée et la sécurité du pays.
Cet enchainement rhétorique semble quasiment définir la feuille de route du parti Démocrate en matière de défense et de militarisation numériques pour les années à venir. Il représente donc la tendance la plus « douce » que nous réserve l’avenir des relations américano-européennes en matière de défense numérique (défensive ou proactive), très en retrait des politiques que pourraient instaurer les faucons du parti Républicain.
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