Le Hacker Space Festival (HSF) du tmp/lab de Vitry s’est achevé cette semaine, après 4 jours d’intenses activités. Plus de 250 inscrits, des dizaines de présentations, tables rondes ou ateliers, quelques fêtes et surtout beaucoup de travail.
Qu’est-ce que le HSF ? Essentiellement un moment de rencontre entre hackers. Mais une définition du mot hacker très étendue, non restreinte uniquement au seul domaine de la connaissance et de la maîtrise des systèmes informatiques ou des protocoles de sécurité. La définition du HSF –tout comme celle des autres « hacker space » Européens ou Nord Américains- est plus proche de ce qui aurait pu décrire un Pic de la Mirandole, un Rousseau, un D’Alembert, un D’Holbach ou tout autre esprit des Lumières. Ici, l’on se passionne pour Tout. Pour la fabrication de biodiesel et autres carburants, table de Mendeleïev en main et lunettes de protection à l’appui. Pour le « hacking du vivant », autrement dit la biologie moléculaire et l’activité des champignons, des enzymes, des bactéries et de leur rôle dans les opérations de fermentation. Pour bien sûr des activités plus classiques, tel que le pentesting des réseaux sans fil, les frameworks de test d’intrusion Open Source comme Metasploit. Pour des sujets plus ludiques également, ainsi la fabrication de A à Z d’une console de jeu Open Source à base de FPGA, intelligente… et dépourvue de DRM. HSF, ce fut également l’occasion de découvrir une foultitude de projets artistiques associant les nouvelles technologies et le graphisme, l’écriture, la musique. HSF est donc indescriptible, polymorphe, nécessairement instable en raison de son évolution permanente. On y retrouve la passion des communications qui a présidé au lancement des tous premiers BBS –une forme primitive des liaisons Internet-, l’amour de l’informatique, à des degrés oscillant entre le niveau « Microtel Club » et la thèse de troisième cycle, la passion de l’électronique –car la compréhension d’un système informatique passe nécessairement par son support physique- et surtout l’intérêt pour tout ce qui est « autre » et susceptible d’apporter un peu d’eau au moulin de la science.
Mais plus important que ces manifestations annuelles (le HSF fête son second anniversaire), la présence d’un espace permanent, le tmp/lab (http://www.tmplab.org/wiki/index.php/Main_Page) de Vitry, donne à toute personne qui en exprime le désir, la possibilité de trouver un cadre facilitant les échanges de points de vue et les réalisations. Une sorte de « club de clubs » plus orienté recherche que réalisation. Au tmp/lab, on parle avec son fer à souder, avec son compilateur, et surtout avec une écoute scrupuleuse et un respect absolu des opinions et des recherches d’autrui. Il n’y a pas de sotte passion, si ce n’est celle de ne chercher qu’à reproduire ce qui a déjà été fait sans en tirer ni enseignement ni désir d’amélioration.
Vers quoi tout cela débouche ? Ainsi qu’il était mentionné plus avant, sur des projets susceptibles de commercialisation ou de diffusion publique. Comme la plateforme de jeux ouverte, les réalisations liées à l’exploitation des énergies renouvelables ou issues de récupération, le portage d’outils d’une plateforme à l’autre ( Milkymist, ou Milkdrop sur FPGA) ou l’enrichissement des noyaux GNU Linux avec des fonctions similaires à celles intégrées à des systèmes d’exploitation commerciaux. Le seul point qui soit fortement désagréable, dans l’organisation du HSF, c’est qu’il faille attendre 360 jours avant que ne se déroule le prochain.