S’il est presque certain que le téléchargement d’un bêlement « staracadémicien » peut provoquer ipso facto une charge furieuse d’avocats enragés, un déluge de jugements expéditifs sans débat contradictoire et une pluie torrentielle de lourdes amendes, l’hébergement de sites mafieux et l’aide à la diffusion de codes destructeurs semblent à l’abri de telles avanies. C’est du moins ce que nous rapporte ce billet de Pierre Caron du Cert Lexsi, qui nous apprend tout des hébergeurs laxistes et du « palmarès des FAI infectieux » scrupuleusement tenus par le projet FIRE (FInd RoguE networks, découvrons des réseaux nocifs). Un projet Fire qui n’épingle au passage qu’un seul FAI français –OVH-, lequel décroche toutefois une très honorable 13ème place, avec une activité florissante dans le domaine des sites de phishing.
En tête, remarque Pierre Caron, on trouve sans surprise des hébergeurs Etatsuniens et Canadiens. Et OVH mis à part, accompagné d’un fournisseur Brésilien (9ème), il faut atteindre le 18eme rang pour trouver un Chinois suivi d’un Russe. 15 sur 17 des hébergeurs les plus faisandés au monde sont Nord Américains. Ce qui, insiste le chercheur du Lexsi, ne présume pas de la nationalité du propriétaire du site marron. Admettons. Ce qui surtout prouve que ces grands centres nerveux de l’escroquerie et des infections virales sont accessibles par les services de police de pays occidentaux, et qu’il n’y a manifestement pas de réel problème d’extraterritorialité et de frontières juridictionnelles dans des pays rongés par la corruption (entendons par là ex-URSS, Chine, ex pays d’Europe de l’Est…). Cette excuse a trop souvent été invoquée pour tenter d’expliquer les taux faramineux du spam, les records d’infections virales ou l’impunité de grands escrocs vendeurs de pilules bleues.
L’article se poursuit avec un florilège des excuses les plus consternantes données par ces hébergeurs peu pressés de balayer devant leur porte. Des propos qui ne trahissent ni la plus petite angoisse, ni franchement la peur du gendarme. Peut-être que les plus récidivistes pourraient recevoir une lettre recommandée ? Et guère plus d’ailleurs. Car le précédent McColo est là pour nous prouver que si « suspension de l’abonnement Internet » peut aussi toucher les FAI, il n’est généralement provoqué que par la communauté des autres FAI fatigués des agissements de certains, et dans des situations extrêmes. Les autorités de régulation et l’Icann ne viennent mordre l’ennemi que lorsque sa dépouille est froide.
Il reste à espérer que l’action du Fire et les billets saignants de Pierre Caron suffiront à stigmatiser les fournisseurs d’accès fautifs et les inciter à accroître leur vigilance.