C’est un fait bien connu, la plus importante faille de sécurité informatique se situe généralement entre la chaise et le clavier. Soit parce que « l’homo utilisatis basentis » fonce sans réfléchir dans les pièges les plus grossiers que lui tendent les phisheurs, diffuseurs de spam et autres répandeurs de virus, soit parce qu’il appartient lui-même à la catégorie des « nuisibles conscients », en d’autres termes, les pirates.
Mais on négligeait jusqu’à présent un tout autre facteur générateur de danger : l’ordinateur lui-même, menace permanente qui met en jeu la stabilité mentale de l’usager.
Cela faisait déjà un certain temps que l’on s’en doutait, notamment depuis qu’un docte psychiatre New Yorkais, Ivan Goldberg a inventé la notion d’addiction aux jeux, à l’Internet, aux outils de communication moderne. Seulement Goldberg, s’il séduit quelques pédagogues en mal d’autorité et en quête de réponses simplistes, ne fait pas l’unanimité chez ses coreligionnaires. Question également débattue du côté des hommes de lois, surtout depuis qu’un certain Gary McKinnon, l’homme aux 474 000 hits Google, pirate notoire et chercheur de petits hommes verts, a plaidé sa non culpabilité en raison d’un grave problème informatico-psychologique. Désormais, plaider la démence de l’écran-clavier est une ficelle appartenant au vade-mecum de tout bon avocat commis d’office à la défense d’un pirate boutonneux. D’ailleurs, à la simple entrée du mot « syndrome », le susmentionné Google complète automatiquement la requête par « d’Asperger » (celui donc souffrirait McKinnon). Avant l’informatique, tout bon syndrome se respectant n’était que Chinois, de Stokholm, de Münchhausen ou post-traumatique.
Mais il en va des psychiatres comme des spécialistes en sécurité : ils doivent bien vivre, et certains n’hésitent pas à transformer en névrose toute tendance à préférer l’informatique à la compagnie des hommes. Ca rapporte plus. C’est d’ailleurs pour cette raison que la polyclinique Gemelli s’est dotée d’un service capable de traiter les nerds les plus irrécupérables. On y soigne, dit-on, les cas de dépendance les plus désespérés et autres comportements obsessifs développés en présence d’une CPU. Tous les jours, précise le site de la clinique, du lundi au vendredi, de 9H30 à 13H30. Pas plus tard. Car de 13H30 à 18H, tout le service joue à HistWar et se prend pour Napoléon.