Dans notre beau pays qui vit naître les penseurs des Lumières, il est historiquement inconcevable qu’un fait-divers sanglant et abominable dans la région Toulousaine permette à un politique en pleine campagne de décréter la mise en chantier d’une loi correspondant à un autodafé électronique : brûler les sites internet déviants, les écrits corrupteurs, tout ce qui ne cadre pas avec la définition d’une pensée occidentale progressiste et libérale, voilà la recette qui fera qu’il n’y aura plus de meurtre au nom d’une quelconque mythologie. Sous le coup de l’émotion, une telle proposition remporterait une approbation populaire immédiate et pèserait dans les urnes, si l’on était en période d’élections. Certes, le Conseil Constitutionnel remplirait son office une fois de plus, en bloquant une telle proposition. Mais ce même conseil ne pourrait en aucun cas effacer le germe de la stigmatisation. Un germe qui, à force de croître, conduira ceux qui en sont porteurs à approuver d’autres mesures liberticides plus discrètes, moins extrémistes, mais toutes aussi efficaces. Soyons toutefois rassuré. Une telle idée relève du fantasme paranoïaque, elle est même qualifiée de totalement idiote nous assurent nos confrères de Wired. Car nul besoin d’être Américain pour savoir que ce qui est une idée terroriste aujourd’hui tourne souvent au combat pour la liberté une cinquantaine ou une soixantaine d’années plus tard. Le mot terrorisme ne laisse aux survivants que le souvenir de ceux qui provoquent les guerres et le malheur des peuples. Méfions-nous des ciseaux d’Anastasie. S’ils peuvent parfois jeter un voile apaisant sur les propos intolérants de certains groupuscules extrémistes, ils se transforment rapidement en un impitoyable bâillon muselant ceux-là même qu’ils étaient censés protéger.