C’est un scoop publié par le Journal of Alzheimer’s Disease : une exposition à des ondes électromagnétiques de fréquences élevées serait capable de « fortement diminuer » les risques de maladie d’Alzheimer. Un groupe de 96 souris a été exposé, à raison de 2 fois 1 heure d’exposition par jour, aux rayonnements d’un téléphone cellulaire durant une période de 7 à 9 mois. Ces animaux, précise le communiqué, étaient en majorité génétiquement déficients et susceptibles de développer d’importants troubles de la mémoire, certains étant même déjà atteints des troubles en question. Après ce « bain d’ondes », la majorité des souris a conservé ou a vu s’améliorer sa capacité cognitive, et les sujets atteints ont montré une certaine régression de la maladie. Par quel miracle ? Toutes les hypothèses sont lancées, y compris celle d’une élévation de température qui serait fatale aux peptides de type -amyloïde, protéine pathogène de l’Alzheimer. Notons au passage que ces recherches ont été poursuivies par l’USF, University of South Florida, état dont la moyenne d’âge est la plus élevée de tous les Etats-Unis.
De telles annonces sont à prendre avec beaucoup de précautions tant que le protocole de test n’a pas été publié avec précision et que l’expérience n’a pas été reproduite. Les « ondes qui guérissent », depuis les expériences de Mesmer, au XVIIème siècle ou la « machine de Prioré » au XXème, ont toujours soulevé des espoirs fous et des polémiques Himalayennes. Mais indiscutablement, cette découverte va faire plaisir à un certain nombre de « laboratoires indépendants sponsorisés par les équipementiers » ainsi qu’au GSMA.
Chez les opérateurs, on se pose probablement aussi pas mal de questions. L’usage du GSM risque-t-il d’être remboursé par la Sécurité Sociale ? Les forfaits illimités vont-ils être inscrits au tableau B et délivrés uniquement sur ordonnance ? La vente des abonnements actuellement en cours ne tomberait-elle pas sous le coup de la loi sous prétexte d’exercice illégal de la médecine ? A toutes ces interrogations, l’on peut craindre également une profonde réforme des institutions Françaises. Ainsi l’interdiction du téléphone portable et la privation de SMS à tout adolescent sur le point de passer un examen –ce serait assimilé à du dopage-, tout comme seront prohibées les installations d’antenne-relais dans l’immédiate proximité des écoles, de la maternelle à l’Université. Robin des Toits (http://www.robindestoits.org/) pourrait enfin avoir gain de cause. Un budget spécial pourrait, en revanche, être attribué à nos chers académiciens (http://www.academie-francaise.fr/immortels/index.html), ces 40 pépés verts pour qui un bain de jouvence débutant par «06 » leur octroierait probablement l’immortalité des neurones que leur promet leur statut. Idem pour tous les « Thinktank », du CNRS aux « universités d’été » des principaux partis politiques, en passant par les organisateurs de « brainstorming » (alias « consultants en organisation » et autres « conseillers en stratégie » ou en « business intelligence » dont les salaires sont inversement proportionnels à la clarté de leurs rapports). Pour ce qui concerne l’armée et la police, il faudra y réfléchir à deux fois. Deux téléphones au-delà du grade de commandant, strictement rien en deçà de Brigadier-chef ou Maréchal des Logis. Si la troupe se met à penser, c’est la fin de la discipline, et quand c’est la fin d’la discipline, c’est également celle des haricots m’n’adjudant.