Un bon roman d’espionnage qui compte déjà des protagonistes estampillés NSA et FSB ne peut s’achever sans un véritable méchant, celui contre lequel les forces finissent finalement par s’unir au nom du genre humain. Nous avons nommé l’Agent Chinois. Aussi difficile à occire que l’Hydre de Lerne (il en repousse un autre dès qu’on lui coupe une tête), tenace comme les 700 millions de citoyens chers à Dutronc, mauvais comme un ZDE multplateforme, la barbouze asiatique fait chanter l’Internationale aux industriels des TIC Etats-Uniens. Au cri de « groupons-nous, et demain… » viennent de se regrouper dans un front commun anti-pirates Chinois Novetta, Cisco, FireEye, F-Secure, iSIGHT Partners (ceux qui ont déjà bouté les Sandworm Russes hors de Windows), Microsoft, Symantec, Tenable, ThreatConnect, ThreatTrack Security, Volexity… et une piétaille de « professionnels de la sécurité qui souhaitent conserver leur anonymat ». Un retour de DdoS, ça peut parfois faire très mal.
Le Chef d’Escouade s’appelle Novetta. Un leader qui, à peine son équipe constituée, annonce trois victoires sur l’ennemi : Derusbi, HiKit et ZoxPNG sont interceptés, capturés et forcés à parler sous la torture des outils de désassemblage. Plus efficace que les scorpions du désert du célèbre « Long Range Desert Group ».
Ce groupe de supplétifs de la police régulière reçoit même les encouragements du FBI, explique notre confrère d’IDG News Australien, Jeremy Kirk. C’est un peu comme si notre Anssi nationale demandait aux professionnels de la sécurité informatique Française de se constituer en corps francs dans le but de chasser les vils espions Britanniques-poseurs-de-mouchards-sur-le-téléphone-d’Angela-Merkel. Ce culte du mercenariat et de l’auto-défense, Microsoft le prône depuis longtemps déjà, en se faisant la main contre quelques gardiens de Botnets qui réapparaissent pourtant à peine leur réseau détruit.
Est-ce aux industriels de faire justice, de créer une « Pax Americana » définie par un quarteron de généraux du logiciel ? L’on serait tenté de s’en émouvoir. Ces mêmes entreprises détiennent déjà un formidable pouvoir de contrôle des outils et des flux d’information. Bien fol serait celui qui verrait en ce groupement ce qu’il semble être au premier regard, une poignée de mercenaires à la sauce des « Magnificent Seven » aux ordres plus ou moins directs de la Maison Blanche. Non, c’est l’affirmation d’une puissance industrielle consciente de sa force, d’un « touche pas à mon royaume » qui va au-delà des nations et ne s’encombre pas de précautions diplomatiques. Internet, le « Wild West » du numérique ne fait que commencer.