Desmond Ball, Duncan Campbell, Bill Robinson and Richard Tanter, mélange improbable et détonnant de scientifiques et de journalistes d’investigation, se sont penchés sur les « fichiers Snowden » relatifs à un projet d’espionnage systématique des communications par satellite dérivé du réseau d’écoute Echelon. Ce projet repose sur un maillage important de stations terrestres d’interception pilotées soit par la NSA, soit pas sa filiale Britannique le CGHQ. Techniquement, il s’agit d’un réseau d’antennes ressemblant à des rectangles incurvés de 24 mètres par 7 mètres, et équipés de 35 « sources » ou têtes de réception travaillant dans les bandes C et Ku. Chaque source, explique en détail l’étude des enquêteurs est donc capable de cibler un satellite quel que soit la polarisation et la position de son lien descendant. Or, un satellite de communication, c’est parfois plus de 1000 canaux simultanés, soit au maximum 35000 canaux surveillés par antenne… ce qui donne une certaine idée des capacités d’interception des barbouzes des « five eyes ».
Initiées avec le réseau Echelon, ces « grandes oreilles » baptisées Torus et fabriquées par General Electrics font partie d’un formidable réseau comptant plusieurs centaines d’antennes de ce type (232 identifiées), et sont intégrées dans des programmes d’écoute successivement baptisés SharedVision, SharedQuest, DarkQuest selon la finalité des liaisons écoutées. Ces centres d’écoute sont éparpillés dans le monde entier. USA, Grande Bretagne, Australie, Nouvelle Zélande, mais également Japon, Brésil (dont le gouvernement protestait énergiquement il n’y a pas si longtemps contre les écoutes de la NSA), Chypre, Thaïlande, Emirat d’Oman, Porto Rico, Kenya, Allemagne… on parle même d’opérations semblables sur les territoires Russes et Ukrainiens orchestrées, cette fois, par le GRU et les services de renseignement Ukrainiens. Mais s’agit-il d’antennes Torus fabriquées aux USA comme le laisse supposer la tournure de phrase du rapport ? C’est assez improbable.
La Chine, de son côté, s’est également lancée dans la course à l’écoute généralisée et au SigInt de haut vol depuis les années 90, avec des installations notamment déployées dans la province du Xinjiang. Ce qui explique en partie l’attachement de Pékin pour cette région, agitée ces derniers temps par des révoltes organisées par des mouvements autonomistes.
En France, il ne se passe rien