Les fournisseurs d’accès Australiens sont des victimes incomprises. Poursuivis par les industriels de l’édition phonographique et cinématographique, pour complicité de piratage, ils protestent, nous explique The Australian IT, contre l’iniquité de cette accusation, et refusent énergiquement d’endosser la responsabilité de leurs abonnés. Difficile combat que celui de ces pauvres opérateurs qui, des années durant, ont chanté les mérites des « téléchargements illimités » offerts par l’Internet haut débit. Que ce soit en Australie ou en France d’ailleurs. Cette pratique incitative au piratage (qu’une banque Française persiste à vanter encore sur les écrans de télévision) est pourtant une évolution logique des habitudes sociétales. Face à une marchandisation croissante de ce qui relevait autrefois du domaine artistique, il est devenu de plus en plus difficile de faire admettre à la clientèle que la valeur demandée reflétait la contrepartie qualitative des « produits » proposés. On ne pirate pas Bach ou Mozart (ou alors très faiblement), on ne télécharge ni les concerts Colonne ni l’intégrale de Boby Lapointe. Le public, quoi qu’en disent les marchands de chansonnettes formatées, est tout à fait capable de faire la différence entre quelque chose de faible qualité qui se consomme distraitement et une œuvre qui constituera plus tard les fondement d’un thésaurus culturel familial. Surtout si l’intégrale de Shakira est commercialisée au même prix que celle de Buxtehude. Le problème du piratage pourrait-il alors se résumer à une simple question de tarification justifiée du contenu ?