La guerre des bloqueurs de publicité résumée par Neal Krawetz. Depuis fin 2015, le nombre de sites qui bannissent les usagers d’AdBlock et autres outils du genre est en constante croissance, invoquant la « perte de revenu publicitaire qui implique la disparition du modèle de diffusion gratuite ».
Pour Krawetz, ce mode de chantage et, par extension, les pratiques de plus en plus agressives des annonceurs, non seulement commencent à se confondre avec les techniques des diffuseurs d’Adware, ces quasi-virus publicitaires, mais encore frisent les pratiques illégales telles que l’injection de véritables malwares. Pour l’usager, entre un insert vantant les mérites de telle ou telle automobile et l’annonce d’un faux antivirus, il n’existe pratiquement plus de différence, les attitudes quasi mafieuses de contrainte et d’intimidation sont tout à fait comparables.
Le parallèle avec le spam et le lent pourrissement des services de messagerie s’impose. De simple message publicitaire occasionnel dans les années 80, le pourriel s’est transformé en une déferlante d’annonces fortement dominées par les vendeurs de produits de contrefaçon. A tel point que plus de 80% du trafic smtp, dans les années 90/2000, servait à vanter les mérites de pilules bleues de contrebande ou d’agences de mariage promettant des épouses aussi belles que soumises. Les outils antispam ont peu à peu assaini la situation. Deux raisons majeures à ce succès. L’un, purement tactique, initié par le monde des affaires, qui a très vite compris qu’il n’y a pas de bon business sans cet outil qu’est la messagerie, et qu’il était temps d’arrêter de tuer la poule aux œufs d’or. L’autre, strictement technique, puisqu’il est impossible de supprimer la réception de tous les courriels d’un usager sous prétexte qu’il utilise un logiciel antispam. Or, en verrouillant l’accès à divers sites d’information sous prétexte qu’un utilisateur a installé une copie d’AdBlock, c’est très exactement ce que font les média tels que Forbes, Wired, Newquest, Voetbal, Yahoo!Mail ou les publications du groupe Axel Springer. Ils conditionnent l’usage d’Internet au respect d’un comportement favorable au bénéfice de Google.
Autre ombre au tableau, les grandes agences et les annonceurs ne contribuent en rien à l’entretien et au développement des infrastructures Internet, ne versent strictement aucune contribution au prorata de la bande passante consommée ni ne se sentent concernés par l’alourdissement du bilan carbone occasionné (souvent près de 95 % d’une page de journal est constitué de publicités, scripts et autres codes étrangers au contenu informatif… à rapprocher des statistiques du spam). Les médias qui véhiculent ces réclament sont pris en otage, contraints de conduire une guerre qui n’est malheureusement pas la leur.
« Il est temps d’évoluer ou de périr » conclut Neil Krawetz. Soit les annonceurs et leurs grandes agences, Google en tête, exploitent le filon jusqu’à son épuisement, jusqu’à ce qu’il soit gâté à la racine et ne rapporte plus un liard, soit elles en reviennent à des pratiques moins intrusives, plus légères d’un point de vue écologique, plus respectueuses de l’usager et surtout moins dangereuses d’un strict point de vue de la sécurité des systèmes d’information.
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