Bon, parfois, il lui arrive, au gourou, de rédiger des choses qui frisent le « pas trop mûrement réfléchi ». A tout hasard, l’un des derniers « Advisories » de l’US-Cert qui revient sur les principaux défauts que l’on aurait dénombrés sur les automates programmables Siemens de la série Simatic (les points d’entrée de l’attaque Stuxnet). Une analyse qui subit un bombardement en règle de la part du Cert-ICS, lequel explique en quoi le bulletin du Cert-US est inapproprié, que ses erreurs d’interprétation peuvent conduire les lecteurs à commettre d’autres erreurs en voulant apporter des corrections… querelle d’experts qui ne risque pas de réconcilier les usagers avec le langage technoïde de bien des Cert. Cette querelle et cette littérature débordante de menaces potentielles apprendront au moins au lecteur quelques petites choses sur ce qu’est ISO-Tsap, couche de transport des réseaux dans le domaine de l’automatisation et du contrôle de processus (en plus court : TCP, mais rebaptisé par l’ISO peut-être pour faire oublier OSI). Rappelons qu’avant de se plonger dans les arcanes des protocoles, l’impétrant terroriste qui souhaitera rendre fou un processus industriel aura plutôt intérêt à se plonger dans des méthodes de transmission plus simples et pas toujours encapsulées. V24 par exemple, ou HPIB (et successeurs).
Des décennies durant, le monde de l’automatisme industriel a vécu, protégé par un environnement matériel totalement propriétaire. Ce qui n’a pas franchement incité ses fournisseurs à pratiquer régulièrement des audits de sécurité autres que les traditionnelles « évaluations internes » difficilement objectives. Il y a fort à parier que les défauts d’intégration (d’implémentation disent les spécialistes) constatés au niveau bas des protocoles de communication ne soient que le petit bout de ficelle qui sort d’une pelote de bugs. Problèmes d’autant plus lourds de conséquences que l’arrivée d’ordinateurs « standards », dotés de noyaux tout aussi « standards », a poussé pratiquement tous les équipementiers à rédiger dans l’urgence des passerelles protocolaires d’interopérabilité. Le PC et Windows ? « One to rule them all ». L’ennui, c’est que certains de ces processus industriels sont de classe Seveso.