Le paradoxe est aussi criant qu’une manifestation pour le désarmement organisée par le Parti Communiste dans les années 50 : Microsoft se lance dans une campagne ayant pour thème la préservation et la défense des données personnelles, campagne qui débute par un questionnaire relativement indiscret sur les us et coutumes des internautes. C’est là le point d’orgue d’une campagne de reconquête d’image de marque sur le thème « your privacy is our priority », ponctuée de discours lénifiants décrivant la croisade de la Balmer’s company contre la fuite d’information à caractère personnel.
En ligne de mire, Google, bien entendu, qui joue dans cette histoire le rôle du méchant. La diabolisation de l’ennemi Microsoft numéro 1 a débuté notamment avec l’activation par défaut de la fonction « do not track » dans son navigateur Internet Explorer, fonction qui existe mais qui est désactivée par défaut dans Chrome. A ceci, il faut ajouter l’image relativement sulfureuse que traîne Eric Schmidt, executive chairman et ex CEO de Google, qui a longtemps eu, à l’égard du terme privacy, une attitude assez désinvolte, dont se souvient aussi bien Wikipedia que l’EFF.
Et pourtant, alors qu’Eric Schmidt rêvait de ficher tous les citoyens de la terre et de fusionner les fichiers personnels grâce au projet Digital Me (il n’était alors que PDG de Novell), Microsoft développait son gestionnaire d’identité numérique Passport et utilisait force cookies et moult envois de messages étranges vers des adresses IP peu connues chaque fois que bootait un Windows. L’action de Microsoft est louable, mais il est important de se souvenir des actions passées pour juger objectivement les actes du présent.