… et probablement bientôt par Google, semble sous-entendre l’auteur d’un passionnant papier statistique publié par ZDNet UK et relatant une récente enquête du Gartner sur l’évolution des parts de marché « système » dans le monde de la téléphonie mobile. Les chiffres sont sans appel : Fin 2008, les Blackberry constituaient près de 21% du marché (16% un an auparavant). Sur la même période, l’iphone passait de 13 à 17%, tandis que Microsoft, à 8% en 2007, grignotait une troisième place à 11% du marché. Durant le même laps de temps, Androide, absent du marché un an plus tôt, accaparait presque 4% du marché en quelques mois.
Cette lutte pour la domination du marché des noyaux « mobiles » s’accompagne bien sûr d’un certain nombre de craintes et d’incertitudes pour tout ce qui touche à la sécurité des terminaux et des informations qu’ils contiennent. Incertitudes surtout, car les téléphones intelligents commencent à atteindre une masse critique assez importante, susceptible d’intéresser des auteurs de malwares et collecteurs d’informations personnelles. Ce scénario d’autant plus plausible que, si jusqu’à présent, les communications numériques par le réseau GSM étaient facturées au prix fort, la multiplication des forfaits Internet/SMS « illimités tout compris » aurait plutôt tendance à favoriser le développement de malwares adaptés. Il y a eu un précédent scientifiquement étudié : l’accroissement des accès DSL et des abonnements Internet « flat rate », dont la généralisation mondiale se confond avec la multiplication des botnets et des attaques « web client ».
Mais d’autres arguments défendent des points de vue contraires. Pour qu’un virus puisse se développer, il faut non seulement qu’il bénéficie d’un vecteur de diffusion gratuit et efficace, mais également d’un espace vital étendu. En d’autres mots, d’un système d’exploitation favorable à son épanouissement. C’est là une variante de la théorie de Dan Geer sur l’augmentation des risques résultant d’une situation monopolistique : plus un système d’exploitation est répandu, plus il s’expose à la convoitise et aux attaques des pirates. Or, pour l’heure, on ne peut pas franchement dire que l’un ou l’autre des concurrents en lice détient la majorité du marché. Il suffirait simplement que Microsoft parvienne à renverser la tendance avec une nouvelle version de Windows Mobile, que Google batte à plate couture Apple sur le terrain de l’offre logicielle gratuite. Et s’il est une chose dont les auteurs de virus ont en horreur, c’est d’investir sur des secteurs trop faibles ou trop instables. Qui gagnera la guerre des noyaux « mobiles » ? La réponse est évidente : le premier qui parviendra à constituer une base de signatures importante dans les tampons mémoire des antivirus de demain.