Les statistiques virales qui suivent sont le fruit d’une analyse effectuée par les techniciens de BitDefender, mais elles reflètent les métriques des principaux acteurs du milieu. A commencer par la constante et indétrônable troisième place d’un « papy » de l’infection, l’éternel Conficker/Downadup. Près de 5,3% des ordinateurs semblerait en être infecté. La présence de ce ver pourrait être un excellent indicateur du succès (ou de l’insuccès) de l’antivirus gratuit de Microsoft. Une évolution statistique qui ne pourra sérieusement être prise en compte avant 6 ou 8 mois.
Si l’on peut considérer comme presque normale laConfickerisation du monde informatique, les deux premières causes d’infection sont, en revanche, un peu plus surprenantes. En tête des sondages, Trojan.Clicker.CM. 9,5% des fichiers infectés, un record. Il s’agit là d’un vecteur que l’on ne rencontre généralement que dans les programmes « keygen » de « déplombage » de logiciels commerciaux, cracks et autres exécutables prétendant afficher des numéros de série surtout valides pour leurs propagateurs. Ce phénomène est d’autant plus intéressant que généralement, les infections « keygen » connaissent des pics durant les périodes de vacances scolaires et après les fêtes de fin d’année. Cette fois, la sortie de Windows Seven y est pour quelque chose. A nouveau programme populaire, nouvelle vague de « numéros de série garantis fonctionnels »…
Tout de suite derrière Clicker arrive Trojan.AutorunInf.Gen, avec 8,5% des infections. Là encore, cette statistique est intéressante, car AutorunInf, comme son nom l’indique, utilise pour s’installer la fonction Autorun nécessaire à l’exécution automatique des programmes stockés sur les clefs USB ou les CD-Rom. Ce qui rappelle aux plus anciens chasseurs de virus, les premiers exploits cachés sur la « piste zéro » (ou les secteurs théoriquement non formatés) des disquettes. Les « virus bootstrap » croissaient et se multipliaient particulièrement dans les milieux du piratage de programmes. A noter que Conficker est également capable de se propager via des clefs USB, certains marins en ont fait la pénible expérience.
L’on est, sans tirer de plans trop alambiqués sur la comète, face à une preuve non pas de recrudescence des copies illégales, mais face au moins à un regain d’intérêt et une diversification des canaux de diffusions viraux en direction des réseaux de piratage.
Par ailleurs, l’on assiste à une forme de « contournement de la ligne Maginot » de la défense périmétrique classique. Les virus passent moins souvent par le canal traditionnel du Wan, de l’accès Internet, de la connexion réseau. Ils empruntent des moyens indiscutablement plus lents, moins massifs mais visiblement plus efficaces, celui de la diffusion « à la main » de supports infectés. Cette stratégie permet d’éviter l’examen des fichiers par d’éventuelles passerelles de filtrage. Seul l’antivirus de station offre un dernier rempart de protection, rempart qui, même mis à jour, a prouvé ces derniers temps qu’il n’était pas toujours d’une efficacité absolue.
De manière lapidaire, l’on remarque que le rapport statistique tenu par Eset pour la période d’octobre établi le tiercé suivant : Win32/PSW.OnLineGames 9,5%, Autorun 7,43% et Conficker 5%. Les deux éditeurs sont au moins d’accord sur l’identité des seconds et troisièmes « gagnants », qui caracolent tous deux en tête des sondages depuis bientôt plus d’un an.