La publication d’un nouveau numéro de Phrack est toujours un évènement. Le numéro 68 vient de sortir, et débute avec un hommage à un disparu célèbre : Dennis Ritchie, l’un des pères du langage C et d’Unix. Départ discret d’un géant de l’informatique qui, au regard du bruit médiatique que soulèvent certains blogueurs mondains ou patrons « créateurs par croissance externe», montre à quel point le futile et le marketing revêtent plus d’importance aujourd’hui que l’intelligence et le véritable génie créateur.
Beaucoup de hack orienté « mémoire »dans ce numéro. Mémoire au sens humain du terme, mémoire au sens memaloc/jemaloc aussi. Et aucune incursion dans le domaine matériel en revanche, pas même sous la forme d’une petite intrusion jtag ou assimilée. L’équipe revient aux fondamentaux de la revue. Pour les ethno-historiens du hack, à lire, donc, l’éditorial consacré à Dennis Ritchie, le profil de Phenoelit sous forme de questionnaire de Proust à la sauce binaire, augmenté d’un passage résumant l’origine et les buts de PH-Neutral. De l’humain encore avec un courrier des lecteurs d’une incroyable drôlerie, ou encore avec un historique des écoles de demomakers Grecs et des cyber-affrontements entre hackers Coréens du Nord et du Sud. Psychologie et sociologie du hacking enfin avec un amusant papier non signé intitulé « le bonheur dans le hacking »… le texte contient quelques vérités intéressantes.
Le reste demeure très « Phrack Way » : rootkit pour plateforme Android, cracking des white-box (deux Alka-Selzer sur le plan de la compréhension), exploiting the jemalloc memory manager (trois Alka-Selzer), IIS 7.5 remote heap overflow (un seul Alka-Selzer)… la liste est longue, les sujets très divers, tous aussi passionnants les uns que les autres. A télécharger donc, même si les antivirus Sophos considèrent cette littérature comme « infectée » (voir l’hilarant courrier des lecteurs, faire un seek sur le mot « CISSP »).