A la requête « espionnage Renault voiture électrique », Google retournait, à l’heure où nous rédigions ces lignes, plus de 60 000 résultats. L’information tient en peu de mots : trois « cadres de haut niveau » (dont un membre du comité directeur) ont été mis à pied, soupçonnés d’espionnage industriel pour le compte d’entreprises concurrentes.
Une fois de plus, cette affaire confirme une règle immuable de l’Intelligence Economique : les plus gros forfaits sont commis aux niveaux les plus élevés de la hiérarchie, là où la capacité d’accès à des données sensibles, le niveau de « confiance » octroyé et les leviers de compromission (notamment par l’argent) sont les plus évidents. Ce qui, de manière cynique, pourrait se résumer de la manière suivante : les outils et mécanismes de prévention de fuite d’information devraient, à 90% de leur capacité, ne porter que sur les 10% du personnel considéré théoriquement comme étant le plus fiable. Alors que c’est tout l’inverse dans la majorité des entreprises. Faudra-t-il, pour résoudre ce genre de problème, une loi spécifique punissant gravement l’espionnage industriel, comme le suggèrent nos confrères du Parisien ? Il y a peu de chances que cela serve à grand-chose, si ce n’est à servir les visées électoralistes de quelques députés ou ministres. Car tout espion amateur agissant à un tel niveau connaît de toute manière les risques pénaux qu’il encoure. Et ces risques sont déjà lourds. Les gains espérés doivent nécessairement se montrer aussi conséquents que les risques, nettement plus élevés devrait-on ajouter, car au danger de se faire prendre s’ajoutent les freins psychologiques, ceux que les psychologues appellent le « sur-moi » et les gens de la rue la « morale ». Ces règles sont identiques dans le domaine de la sécurisation des données informatiques ou de toute information estampillée « propriété intellectuelle » et pouvant être récupérée sur un disque dur. Mais surveiller des « patrons » avec plus de rigorisme qu’un employé, voilà qui n’est pas toujours politiquement correct et socialement accepté.
Je m’interroge : dans le premier paragraphe, les 3 personnes sont spupçonnées. Dans le deuxième, il est conclus que les fuites viennent des dirigeants haut placés. Déduire à partir de soupçons et généraliser me parait dangereux. Peut-être faudrait-il attendre la fin de l’enquête, non ?