Chuck Norris serait une « preuve de faisabilité » développée par un chercheur Tchèque. Une recherche en droite ligne des scénarii d’attaque imaginés par l’équipe de GNU Citizen sur les routeurs WiFi des opérateurs Britanniques, et qui s’appuie notamment sur la compromission de routeurs à base de noyau Linux protégés par un mot de passe faible. Or, les mots de passe admin par défaut et autres clefs Web issues des adresses MAC desdits routeurs, cela fait déjà quelques années qu’on en parle, tant à l’étranger qu’en France. Certains de ces Sésames peuvent d’ailleurs être obtenus par simple « social engineering » en se faisant passer pour un ignorant total auprès des services de « ligne chaude » de certains fournisseurs d’accès.
Mais Chuck Norris va plus loin. Plus qu’une simple éventualité d’intrusion, il intègre les mécanismes de base nécessaires à l’établissement d’un botnet, lequel pourra être exploité pour lancer des attaques en déni de service, relayer du pourriel, spoofer du DNS, récolter du mot de passe… ad libitum selon la « charge utile » installée. Le père de Chuck Norris, Jan Vykopal, patron du département sécurité réseau de l’Institut des sciences informatique Masaryk de l’Université de Brno, s’appuie notamment sur quelques vulnérabilités caractéristiques de certains matériels et sur le fait que bon nombre de ces équipements sont paramétrés pour autoriser une forme d’administration ou de prise de contrôle à distance indispensable pour d’évidentes raisons de support, de test et de maintenance. En mettant la main sur un mot de passe par défaut, c’est tout le parc d’un FAI qui peut alors tomber sous la coupe d’un « bot herder ».
Pour l’heure, aucune information technique réelle n’a filtré quand aux détails du ou des exploits nécessaires à cette attaque. Même Gadi Evron se contente de renvoyer le lecteur sur un papier signé Bob McMillan, publié dans PC-World et dénué de toute information solide. Même le conseil donné par notre confrère (demander à chaque usager d’entrer un mot de passe « fort ») ne peut être sérieusement pris en compte, puisque précisément, le mot de passe d’origine n’est connu que du fournisseur d’accès… et de quelques hackers passionnés. A classer dans la catégorie « nonsense mitigating factor ». Un tel scénario d’attaque avait même été évoqué il y a un peu plus de 5 ans par quelques découvreurs de failles qui s’étaient penchés sur les routeurs Linksys et Zyxel aisément « flashables » à distance et trop populaires pour ne pas offrir aux voyageurs sans-fil quelques jolis mots de passe par défaut parmi une multitude d’appareils « wardrivés ».
S’il n’existe pour l’instant aucune preuve tangible de l’existence de Chuck Norris, spécialiste de la faute de frappe et des fleurs bleues contendantes, son existence est plausible. D’autant plus plausible que tout système télé-administrable est, en puissance, un réseau vulnérable par détournement, et que tout routeur utilisant un noyau plus ou moins standard est « riche » d’erreurs de conception compilables sur la liste Full Disclosure ou sur un site d’information tel que Milw0rm. Enfin, il est rare que les utilisateurs de ces routeurs possèdent à la fois la compétence et les informations nécessaires à la mise à niveau de leurs firmwares, ce qui pourrait bien hisser le « Poc » des chercheurs Tchèques au rang de « danger Scada » s’il s’avérait assez universel et adaptable pour être réellement exploitable.