S’il est tout à fait humain, de réagir avec violence à la suite des évènements abominables du 13 novembre dernier, il est cependant du devoir des médias et des institutions garantes de la sécurité de la Nation d’éviter de rechercher, à chaud, des boucs émissaires. De nombreux quotidiens, dont 20 Minutes mais c’est loin d’être le seul, se sont inquiété des capacités de communications chiffrées (et non cryptées …) des consoles de jeu, lesquelles « auraient pu être utilisées par les terroristes durant la phase de préparation des attentats ». Des réseaux qui, insiste d’ailleurs le Ministre de l’Intérieur Belge (point de départ de cette polémique), seraient très compliqués à surveiller. Du coup, certaines presses passent du conditionnel à l’affirmatif, brandissent le spectre de ce « darknet » que sont les outils de chat des Xbox et Playstation, Whatsapp, Skype, et toutes les messageries instantanées de la création, associées éventuellement à certains réseaux sociaux.
Tentative de récupération ou pas, ce genre d’assertions mènent tout de même tout droit à l’apparition de nouveaux moyens de contrôle sur les outils de communication. Rappelons que les multiples lois existantes visant à la libéralisation des écoutes téléphoniques et surveillances du réseau Internet, la course aux infrastructures de surveillance vidéo ne sont pas parvenues à endiguer l’horreur. Une preuve de plus de leur inefficacité, pourtant prévisible … La surveillance des NTIC ne peut en aucun cas remplacer le travail de renseignement sur le terrain.
D’ailleurs, cette sur-réaction n’est-elle précisément pas ce que souhaitent les mouvements djihadistes ? Ceux-là même qui parviennent à pousser leur propre adversaire à surveiller ses propres citoyens, à transformer la société qu’ils combattent en une forme de « soft dictature » plus conforme à leur vision du monde, à contraindre ses dirigeants à revendiquer le droit de « mener un combat impitoyable », c’est-à -dire littéralement « sans la moindre pitié ». Ne se rapproche-t-on pas ici de l’état d’esprit inhumain dont font preuve les terroristes ? Faire « la guerre à la terreur », outre le fait qu’on ne peut pas combattre une idée avec des armes, ce genre de réactions a déjà mené à d’autres guerres sur site. Guerres que l’on pourrait qualifier de perdues puisqu’ayant donné naissance à l’Etat Islamique au bout du compte. Ne serait-il pas temps d’apprendre les leçons de ces échecs et de réfléchir « à froid » à la riposte ?