Lorsque les gouvernements se livrent à une politique d’épicier pour savoir combien coûtera une intervention militaire en Syrie, les hacktivistes partent, la fleur au fusil, s’étriper à coup d’octets. Au moins, les pronostics vitaux ont peu de chance d’être engagés, comme on dit dans les reportages d’actu-réalité.
Et l’on apprend notamment qu’après avoir vandalisé les sites Web du New York Times et du Washington Post, les prétendus supporters de Bachar El Assad se sont fait les dents sur le portail de recrutement des US Marines, lequel n’arborait plus sa devise probablement inspirée d’un tube de Charles Trenet. Certains de nos confrères s’en émeuvent, ainsi Network World. La veille, d’autres informations laissaient entendre que le site Web de cette Armée Electronique Syrienne autoproclamée avait été hackée, ce que démentent ses animateurs, explique Brian Krebs.
Cette pseudo guerre électronique n’en est pas une, conclut Bruce Schneier. D’ailleurs, personne ne peut affirmer si cette armée est réellement Syrienne. Quant à ces actes de piratage, ils sont plutôt le fruit d’une « fortune de mer » (ou fortune des autoroutes de l’information), les interruptions de service des sites touchés étant la conséquence d’une faille affectant un registrar Australien. « C’est là , explique en substance Schneier, une technique déjà utilisée par les Anonymous en d’autres temps : après la découverte d’une faille, le groupe d’hacktiviste tente d’exploiter le défaut en inventant après coup un prétexte politique ». C’est de l’hacktivisme opportuniste ou de la cyberguerre occasionnelle, en aucun cas le fruit d’une stratégie réfléchie et travaillée. Tout comme les précédentes cyber-guerres d’Estonie ou de Géorgie, la seule guerre qui fait rage est celle des communiqués et de la propagande. Bien fol est qui s’y fie.