Polémique-victoire pour le camp des chasseurs de relais : l’OMS a publié une étude (voir le communiqué) affirmant la « possibilité » (et non la probabilité) cancérigène des téléphones portables. On apprécie au passage l’incertitude toute byzantine de la déclaration. Une « possibilité» qui, explique l’étude, repose sur des analyses statistiques tendant à prouver une augmentation des gliomes (cancer du cerveau) dès lors que l’usage des téléphones deviendrait systématique sur une période de plus de dix ans.
Les échos médiatiques de cette déclaration de l’OMS partent un peu dans tous les sens. L’on distingue très nettement les organes de presse « pro téléphone » (généralement des journaux très liés au monde des affaires et à la vie des opérateurs en particulier) qui mettent en avant la diminution de la DAS des terminaux mais passent pudiquement sous silence les déploiements de relais, l’accroissement des réseaux, l’augmentation des terminaux par foyer. De l’autre, les médias « anti » qui mélangent souvent allègrement téléphonie, Wifi et autres techniques radio utilisant d’autres types de modulation, d’autres fréquences et des niveaux de rayonnement parfois 500 fois plus faibles que ceux d’un terminal GSM. La première attitude s’apparente aux sophismes cyniques des fabricants d’armes : il y a un business, et le limiter ira à l’encontre des intérêts, de la croissance et de la défense de l’emploi, sans parler du fait qu’on ne « combat pas la marche du progrès ». Et qu’importent les victimes éventuelles, le dieu du commerce y reconnaîtra les siens. La seconde attitude n’est guère meilleure, qui vise à diaboliser et à placer sous le carcan d’une règlementation globalisante tout ce qui rayonne entre 1 MHz et 300 GHz. Si l’OMS avait effectivement souhaité rendre un avis sérieux et exploitable, elle aurait missionné un comité d’experts totalement indépendants, n’ayant strictement aucune accointance avec les opérateurs et concepteurs d’appareils, et disposant d’un budget assez confortable pour relancer une série d’études basées sur un protocole conçu à la fois par des médecins et des spécialistes de la radio-électronique.
D’ailleurs, témoignent nos confrères du Télégramme, la Fédération Française des Télécoms a réagi en déclarant que les ondes électromagnétiques « n’ont pas la même classification que, par exemple, l’alcool, le tabac et l’amiante (catégorie 1) », ni que « le trichloréthylène et les fumées des moteurs diesel (catégorie 2A) ». L’amiante elle-même n’avait pas le même pouvoir destructeur que la pentrite ou que l’acide nitrique absorbé en ampoules… sinistre comparaison, malhabile réplique sur le ton du « je peux tuer, mais moins bien que les autres ». Qui donc, à la direction de la communication, a pu laisser passer cette réaction épidermique qui semble témoigner d’une peur irraisonnée de la « mauvaise publicité » ? La FFT serait sous-marinée par des « anti » que le résultat n’aurait pas été pire.
@Goumet : Il semple important de préciser, sans prendre parti pour un camp ou l’autre, qu’à l’heure actuelle, il n’existe strictement aucune étude véritablement indépendante qui ait été effectuée sur le long terme. C’est surtout cette absence de certitude qui est à déplorer, et qui entretient une sorte de « théorie de la conspiration ».
Il est tout aussi important de préciser que les études existantes –et cela depuis plus de 30 ans- avouent que certains rayonnement électromagnétiques « non chauffants » peuvent provoquer des mélanomes sur des sujets « prédisposés » ou « à risque ». Ce qui ne veut pas dire « systématiquement ». C’est précisément ce distinguo qui oppose les partis, et qui peut paraitre cynique pour certains.
Il est toujours possible de mesurer le niveau d’exposition d’une habitation avec des appareils simples, tel qu’un ondemètre à absorption légèrement amplifié. Mais il est effectivement plus compliqué pour le communs des mortels de faire la différence entre une émission UHF de relai téléphonique et le talky-walky du voisin.
Que les uns se réjouissent ou non il n’en demeure pas moins vrai que JAMAIS il ne sera clairement écrit dans des medias à forte diffusion que les ondes dégradent, rendent malades voire tuent.
Trop d’argent, trop d’émotions, trop d’intrications empêchent le bon sens de resurgir.
Contrairement à ce que les « pro » prétendent, les « antis » ne réclament pas l’abandon de la technologie hertzienne (l’image du fameux retour à l’ère du gourdin et de la lance que les « pro » adorent ressortir) mais la diminution du niveau d’émission par relais (et par téléphone). Bien entendu qui dit un telle diminution implique mécaniquement une augmentation du nombre de relais et des coûts d’acquisition et d’exploitation qui explosent !
Ce dont ne veulent absolument pas entendre parler les actionnaires !
Alors, il y a ceux qui savent (ou qui sont convaincu de) la nocivité comme moi et d’autres qui prennent toutes les précautions qui s’imposent quant à l’usage de ces technologies.
Ce n’est pas facile car cela signifie, par exemple, lors de la recherche d’une habitation de repérer les relais existants ainsi que les points possibles d’apparition de nouveaux relais et de choisir en fonction de l’éloignement !
Et puis il y a tous ceux qui ne savent pas, qui ne veulent pas savoir, qui n’ont pas les moyens de savoir, qui s’en fichent ou qui ne peuvent imaginer un seul instant que l’état ne peut pas se soucier de leur santé (1).
Pour ceux-là tant pis, ils iront grossir les rangs des malades incurables dans les hôpitaux privatisés de demain.
Finalement, à l’instar de l’amiante, des PCB, du sang contaminé on peut voir ce futur scandale comme un simple service rendu à une industrie (la téléphonie mobile ici) à une autre (la santé privatisée).
db
(1) Pour tous ceux là je les invite à se souvenir qu’un simple téléphone mobile posé à proximité d’une couvée de poussins durant leur suffit à tuer tous ceux situés à moins de 10-15 cm dudit téléphone.