Il en aura fallu du temps, pour pouvoir enfin bénéficier d’un véritable virus sous Androïd, et non un vulgaire Troyen tem Geimini qui n’était connu qu’en Chine. RootCager est un vrai malware, un dur, un tatoué qui peut enfin justifier l’achat d’un logiciel de protection. Des millions de licences renouvelables annuellement… qui donc ne rêverait pas de cette thébaïde pour éditeurs en mal de reconversion ? Mais revenons à Rootcager. Bien qu’également venu de l’Empire du Milieu, il s’est un tantinet plus internationalisé que son cousin. Ainsi semble en témoigner la liste des « appliquettes » contaminées recensées par Symantec dont toutes ne portent pas de titres en Cantonais. Ledit Troyen est un récolteur d’information (numéros IMEI et IMSI nous apprennent les experts) doublé d’un downloader. Une aubaine pour les vendeurs d’antivirus, qui rament depuis des années en tentant de refourguer du périmétrique pour terminal mobile. Chacun y va de son analyse ou de son billet de blog. Kaspersky, F-Secure nous offrent deux articles sur le sujet, et même le Sans émet un bulletin.
Mais le boutiquier du périmétrique qui parvient à la plus paradoxale des conclusions est sans conteste Vanja Svajcer, de Sophos qui, après une brève analyse du malware, en conclut « The openess of the platform and the availability of alternative application markets makes Android-based devices more difficult to secure ». Autrement dit, s’il y a moins de virus sur iPhone, c’est uniquement parce que le système d’exploitation et les kits de développement d’yceluy sont totalement propriétaires et fermés. L’ennemi, c’est l’ouverture, la tare c’est la mise à disposition publique des mécanismes système et surtout la possibilité de laisser entrer n’importe quel développeur en chambre dans le cénacle des Grands du Logiciel. « Un droit d’entrée de 25 $ seulement pour avoir le droit de publier une application pour Android, c’est la porte ouverte à tous les dangers » continue Svajcer. Probablement comme la majorité des applications sous Debian ont représenté un danger potentiel car n’offrant strictement aucune ségrégation par l’argent. Et l’auteur de continuer : « cette situation me rappelle Windows il y a quelques années. On se demande si l’histoire n’est pas en train de se répéter ». Rappelons qu’il y a précisément quelques années, les contraintes d’orthodoxie d’écriture et les interdictions d’injection de code en « ring zéro » par Microsoft, au moment de l’arrivée de Windows Vista, avaient provoqué une levée de boucliers de la part de ces mêmes éditeurs d’antivirus, sous prétexte que ces contraintes les empêchaient de « bien » faire leur travail. Depuis, il a bien fallu faire avec les UAC.
L’adoption d’un smartphone est un choix… et un compromis. Sans ouverture, pas ou peu d’évolution, avec ouverture, l’on s’expose à un certain niveau de risques qui peuvent être en grande partie maîtrisés par l’adoption d’une politique de sécurité sérieuse.