« Forrester vire schizo » écrit en substance Chris Flores au fil du blog Windows Vista. Le directeur du « Windows Client Communications Team » a quelques raisons de prendre un coup de sang, surtout depuis que Thomas Mendel, du cabinet d’analyses de marchés Forrester, a publié une étude intitulée « Vista Is Rejected; Mozilla And Apple Make Small Gains ». Une étude à contre-courant, estime Flores, qui cite d’autres analyses de Forrester laissant entendre que la sortie de Vista connaît jusqu’à présent un certain succès, sinon un succès certain. Triomphe annoncé un jour, échec affirmé le lendemain… en attisant tantôt les feux de la gloire, tantôt le déclin et la chute, Forrester serait donc frappé de schizophrénie, forme de confusion mentale fatale pour les diseurs de bonne aventure industrielle.
Mendel l’analyste explique donc que l’adoption de Vista suit une « croissance à un chiffre » et que le système d’exploitation est rejeté par les entreprises. Le taux d’adoption serpente aux environs de 6,2 % en début d’année, pour culminer à 8,8 % en juin… on a connu mieux après 18 mois de commercialisation. D’autant plus, insiste-t-il, que lorsque l’industrie passe à Vista, c’est généralement pour remplacer de vieux Windows (entendons par là des générations 9x) plutôt que des XP plus récents. Les prévisions de déploiement initialement estimées par Forrester n’ont pas été atteintes, loin s’en faut.
Le syndrome Gartner
Une telle querelle de clocher était déjà survenue, il y a… quelques années. Elle amorçait la fin d’une longue période d’amour unissant le Gartner Group et Microsoft. La brouille a commencé lorsque, au lancement de Windows 2000, la société d’études avait émis de sérieux doutes sur la rapidité d’adoption de la « nouvelle génération » d’alors, ainsi que sur son coût d’usage (TCO, ou Total Cost of Ownership). Il faut préciser, à l’attention des jeunes générations qui n’ont peut-être pas connu cette période tumultueuse, que 2000 était le premier noyau serveur introduisant l’idée d’annuaire Ldap. Les ADS remettaient en cause toute une culture, des années d’habitude d’administration sur « deux niveaux » (PDC/BDC). Depuis cette « querelle du TCO », les rapports du Gartner sont devenus un peu plus critiques, un peu plus distants vis-à-vis de Microsoft.
Sans la liberté de blâmer, nous dit le Figaro de Beaumarchais, il n’est pas d’éloge flatteur. Si Microsoft cherche querelle à Forrester, un nouveau divorce pourrait s’en suivre, qui isolerait un peu plus l’éditeur. Les chiffres du cabinet ne correspondent pas avec ceux publiés par Corp ? La belle affaire. En admettant même que Thomas Mendel se soit lourdement trompé, MS ne peut pas imposer la réalité de ses propres chiffres. A plus forte raison si ceux-ci sont exacts, certifiés par des armadas d’huissiers et des escadrons d’avocats. On ne peut être à la fois juge et partie, surtout s’il s’agit de résultats commerciaux.