Nos confrères d’InfoWorld consacrent une pleine page à Midori, nom de code désignant l’un des successeurs probables de la famille Windows. Midori est une déclinaison de Singularity, le projet « mère », qui devrait apporter aux usagers la possibilité de jongler réellement avec des processus concurrents et interdépendants (traitement massivement parallèles de threads). Cette évolution des programmes devient inévitable avec la multiplication des machines multicœurs-multiprocesseurs.
Midori, pour sa part, renoue avec la vieille chimère de Bill Gates, à savoir un noyau « internet centric », capable de jouer avec des processus distants, des périphériques répartis… bref, tout un tas d’idées qui traînent dans les tiroirs des universitaires de Cambridge, de Berkeley, de Stanford, du MIT et consorts depuis quelques années (voir notamment les projets Ocean Store ou la notion de machine « autonome » reposant sur une architecture segmentée proche de celles des noyaux RTOS).
Parallélisme massif d’un côté, atomisation et éclatement des centres de traitement et des entrées-sorties de l’autre… cette vision très science-fictionesque de l’informatique de demain n’est pas du goût de tout le monde. A commencer par les administrateurs d’infrastructures, qui y voient une perte d’influence et d’autorité –ainsi qu’une formidable gageure en matière de sécurité liée à la « dépérimétrisation » du matériel-. Les usagers, également, qui de manière instinctive, se méfient des processus décentralisés, des logiciels « expatriés » sur des datacenters et autres « nuages Internet ». Car qui dit dissociation des couches logicielles et matérielles, pense automatiquement « facturation à l’accès », sous quelque forme que ce soit. Des facturations dont le retour sur investissement est généralement aussi flou que douteux. Le modèle ASP fut un échec, partiellement pour cette raison. Les « solutions d’externalisation » actuelles commencent à révéler d’autres genres de défauts, notamment lorsque la propriété intellectuelle de l’entreprise fait partie des choses qui sortent des murs de la maison mère. Minori est probablement un très beau projet technique, mais son application marketing risquerait fort d’être pavée de chausse-trappes imprévisibles.