EstDomains, le registrar douteux, sera définitivement mort le 24 novembre prochain, la décision de l’Icann étant désormais sans appel. Le motif invoqué demeure le passé douteux du patron de l’entreprise, Vladimir Tsatsin, et non l’activité plus que néfaste de la grande majorité des possesseurs de sites hébergés. Les 281 000 noms de domaines –spécialistes du spamming, du phishing, de la culture intensive « d’adwares-qui-ne-sont-pas-des-spywares » y compris- auront leurs adresses relogées aux bons soins de l’Icann, qui se charge de trouver des DNS compatissants parmi ses membres. Il faut dire que les plus dangereux clients d’EstDomains ont, depuis plusieurs mois, changé cent fois de nom et utilisé de nouvelles filières d’enregistrement.
Le vendeur –car le métier de registrar est avant tout une opération commerciale- est donc reconnu comme étant non responsable de l’usage que font les clients des domaines déposés. Ce « coupe-feu juridique » ne semble, en revanche, plus franchement fonctionner du côté des hébergeurs et fournisseurs de services, puisque cette même semaine, McColo, hosteur américain, s’est fait couper la totalité de ses routes IP par ses propres fournisseurs d’accès. McColo était l’un des principaux portails américains par qui se déversait des cataractes de spam, des centaines de sites vendant des « scarewares », des milliards d’emails de phishing, sans oublier, précise Brian Krebs dans un long article de 3 pages, quelques filières d’images pédo-pornographiques et plusieurs vecteurs d’infection genre rootkits et virus-vers.
Dans les quelques heures qui ont suivi la coupure, des lignes dudit McColo, le niveau de spam général a chuté de près de 60 %. Les statistiques de Spamcop sur la semaine sont sans appel : morte la bête, mort le venin.
A l’origine de ce règlement de compte, l’on retrouve une fois de plus Hostexploit, entreprise de sécurité qui contribua activement, grâce à un rapport d’analyse édifiant, au démantèlement d’Atrivo/Intercage, le « hosteur félon » Californien et, par le plus grand des hasards, fortement lié au dit McColo. Une fois de plus, Hostexploit publie un état des lieux atterrant, décrivant par le menu les méfaits de McColo (enregistrement obligatoire avant téléchargement du rapport). McColo en chiffres ? c’est 172 vendeurs de viagra, 24 botnets et centres de commande et de contrôle, un peu moins d’un millier de liens hébergés pointant sur des malwares, 64 « rogues » et malwares locaux, 62 sites infectés –soit un taux anormalement élevé de 2%- et 40 sites illégaux, notamment pédophiles, avec leurs infrastructure de payement associées.
Si la fermeture d’une industrie aussi nauséabonde est et sera toujours une bonne chose, il est à déplorer que cette décision soit le fait d’initiatives privées, ou plus exactement d’initiatives d’entreprises privées. Il ne semble pas, dans l’état actuel de l’affaire, que le FBI y ait joué un rôle déterminant. Ce n’est, de toute manière, pas un acte décidé ni par un juge Fédéral ou d’Etat, ni par un arrêté de la FCC, souveraine en ce secteur. Et c’est sur la musique de « Règlement de compte à OK Corral » que semble se clore ce nouvel épisode de la vie des ISP.